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Journée d'étude

Dispositifs de lecture savante

(humanisme et numérique)

 

jeudi 22 janvier 2015,

Université Paris Ouest Nanterre La Défense

 

UFR Phillia (O. Renaut) - Laboratoire Dicen-IDF (L. Merzeau) - Iri (N. Sauret) - Sens Public (G.

Wormser) - Université de Montréal (M. Vitali Rosati)

 

Mots-clés

Lecture, Savant, Dispositif, Support, Environnement, Outils, Pratiques, Technologies intellectuelles,

Organologie, Affordance, Travail, Chercheur, Livre, Numérique

 

 

Argumentaire

Dans les années 1990, l'arrivée de l'informatique dans la pratique courante des chercheurs en sciences humaines à suscité de nombreuses études sur le concept de dispositif et sur l’imbrication des facteurs techniques et cognitifs dans la construction d’une relation active aux textes. Les travaux menés autour du projet d'un poste de lecture assisté par ordinateur (PLAO) à l'occasion de l'ouverture du nouveau site de la BnF ont représenté à cet égard une avancée importante dans la réflexion sur les opérations de lecture et d'écriture, considérées dans leur rapport à une matérialité, un espace, un système d'organisation des connaissances. La banalisation progressive des équipements informatiques a ensuite paradoxalement remisé au second plan ces investigations, comme si la question de l'appropriation intellectuelle des outils devait désormais passer après celle de leur effets sociaux. Pourtant, si elle est devenue la règle, l'adoption du support numérique dans les pratiques d'étude est loin de s'être stabilisée en un modèle normalisé, sauf à considérer comme référentiel commun les seules contraintes de l’industrie et du marché.

Alors que tous les lecteurs savants pratiquent désormais la lecture en ligne via une diversité de terminaux, il paraît nécessaire de reprendre le questionnement théorique de nos technologies intellectuelles, pour les situer dans une histoire longue des dispositifs analogiques et numériques, et interroger ce qui se transmet à travers notre environnement de travail. Si l’on admet avec Régis Debray que « l’esprit critique n’est au départ qu’une déformation professionnelle, une contrainte technique inhérente aux travaux d’imprimerie […] qui deviendra habitude, puis norme – de traduire, d’annoter, d’éditer, donc de vérifier, confronter, réfuter, séparer l’interpolation de la variante, l’attesté du douteux, relire, comparer et d’abord “composer” »1 –, que peut-on dire des nouvelles formes d’intelligibilité que nos actuelles déformations contribuent élaborer ?

Le Cours de médiologie générale, Gallimard, 1991.L’enjeu n’est pas seulement de replacer les manières de faire des lecteurs du XXIe siècle dans l’héritage d’une tradition humaniste où l’ordre des livres a « fermenté ». Il est aussi de reconsidérer la culture naissante des data à l’aune de cette archéologie des dispositifs. L'atomisation des documents en données mobilisables et calculables encourage en effet le retour d’une phraséologie de la dématérialisation qui nous paraît devoir être combattue. À l’opposé de l’idéalisme que sert cette insistance sur la désolidarisation des contenus et des supports, cette journée d’étude entend examiner de près la solidarité des dispositifs et des dispositions, y compris dans les environnements dits « virtuels », dont l'affordance n'est pas moins déterminante. Ce faisant, notre ambition est d’interroger la survivance ou la réinvention d’une pratique savante de la lecture, dont il faudra redéfinir les spécificités. Citation, annotation, glose, exégèse, confrontation, bifurcation… autant d’opérations intellectuelles dont il faut décrire les effets de permanence comme les évolutions. Comment pratique-t-on aujourd’hui « l’observation scrutative des contenus, des structures, des formes, qui met en jeu des rapprochements, des rappels, des connexions, et qui segmente, regroupe, recoupe, schématise ou synthétise »2 ? Comment s’effectue désormais le « va-etvient incessant entre la lecture et l’archivage des références et des citations, d’une part, et la formulation des idées, des hypothèses, des arguments, des interprétations, d’autre part »3 ? Peut-on encore flâner entre les textes et quels sont les nouveaux moteurs de la sérendipidité ?

Pour parcourir cette organologie de la lecture, nous renoncerons à une approche strictement chronologique au profit d’entrées fonctionnant comme des carrefours entre les cultures humaniste et numérique :

• la surface et le pli, la marge et le lien ;

• la trace, l'archive, l'index ;

• l’environnement, l'agencement et les effets de distance et de proximité ;

• les tensions entre personnalisation et normalisation, fixation et versionning, synchronisation et

désynchronisation ;

• le corps individuel et collectif…

La plus grande attention sera d’autre part portée aux pratiques effectives et aux effets de transition,

d’hybridation ou de recyclage qui font l’ « impureté » ou l’inventivité de nos actes de lecture.

 

 

http://ufr-phillia.u-paris10.fr/

http://dicen-idf.org

http://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/nouvelles-formes-editorialisation/

 2 Jacques Virbel

3 Christian Jacob

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